Guide de bonnes pratiques pour l’observation de la faune nocturne en Guyane
 proposé par l’association herpétologique de Guyane – CERATO
En Guyane, les forêts, savanes et zones humides abritent une biodiversité unique en son genre. Parmi elle, les Reptiles et Amphibiens occupent une place discrète, fascinante… mais fragile. Il est essentiel d’adopter des pratiques responsables pour garantir la préservation de ces espèces sensibles. Ce guide a pour objectif de fournir à chacun et chacune les informations nécessaires permettant une observation respectueuse de la faune et des milieux.
Préambule : respect de la réglementation
 Espèces protégées : on observe, on ne touche pas
De nombreuses espèces d’Amphibiens et de Reptiles sont intégralement protégées en Guyane (arrêté du 19 novembre 2020). Leur destruction, manipulation, capture ou perturbation est interdite, sauf autorisation spécifique (ex. études scientifiques). La protection des espèces inclue bien souvent la protection de leur habitat. La dégradation intentionnelle des milieux naturels abritant ces espèces est interdite. Pour respecter la faune, abstenez-vous de tout dérangement et de toute manipulation, à plus forte raison si vous ne connaissez pas le statut de protection d’une espèce.
 
															 Conseils pour une pratique d’observation respectueuse
1. Limiter le dérangement
🦎 Respecter les animaux
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Observez à distance : évitez de manipuler les animaux, surtout si vous n’avez pas les compétences requises, car cela peut être dangereux pour vous comme pour les espèces manipulées. La manipulation est une source de stress pour l’animal, et peut engendrer des blessures et/ou des morsures, mais aussi favoriser la transmission de maladies et de pathogènes très dangereux pour les espèces. 
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De nuit, utilisez la lumière avec parcimonie, limitez les flashes photographiques et les mises en scène intrusives. Il s’agit d’espèces nocturnes, particulièrement sensibles à la lumière. Privilégier un éclairage diffus et limiter le temps d’exposition des individus. 
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Limitez autant que possible le bruit et les mouvements brusques à proximité d’un animal et de manière générale au cours de la sortie. 
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Pour les tortues marines (pontes ou émergences), la lumière blanche est à proscrire. Pour plus d’informations sur ce sujet, consultez le site de l’association Kwata qui œuvre pour la protection des tortues marines en Guyane : https://kwata.net/tortues-marines-observer/ 
🌱 Respecter l’habitat
- Restez sur les sentiers balisés. Évitez de créer de nouveaux layons qui peuvent favoriser localement une augmentation des pratiques de chasse. 
- Respectez les consignes pour l’utilisation des sentiers. Certains espaces naturels protégés interdisent l’accès aux chiens notamment. 
- Les mares, criques ou autres zones humides sont des habitats fragiles, particulièrement sensibles à toute forme de perturbation. Évitez de piétiner ces habitats. 
- Évitez au maximum de déplacer ou soulever des éléments du milieu naturel (tronc, pierre). Si cela arrive, remettez-les en place à l’identique et avec précaution. 
 Prévenir la propagation de maladies
- Nettoyez vos bottes et chaussures entre chaque sortie pour éviter de transporter des pathogènes, notamment des champignons responsables de maladies très nuisibles pour les amphibiens, comme la chytridiomycose (pour aller plus loin, voir l’article Sandor et al., 2024. Biosécurité en milieu humide). 
2. Assurer la sécurité de toutes et tous
⛑️ Connaître les risques naturels
Avant chaque sortie, rappelez-vous les précautions à prendre face aux dangers potentiels : présence de serpents ou d’insectes piqueurs, terrain glissant, chute d’arbres ou de branches (surtout lors de fortes pluies et de vent), racines ou obstacles pouvant entraîner des chutes, etc.
🎒 S’équiper de manière adaptée
Pour profiter pleinement de la sortie en toute sécurité, prévoyez :
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Bottes ou chaussures fermées, 
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Vêtements couvrants, 
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Piles/batterie de secours pour vos lampes frontales, 
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Eau, 
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Petite trousse de secours. 
En Guyane, si vous vous rendez sur des sites isolés et/ou difficiles d’accès, il est également recommandé d’avoir une seringue d’adrénaline en cas de réaction allergique sévère (piqûres, morsures).
 Attention :
les répulsifs chimiques utilisés contre les insectes, notamment ceux contenant du DEET, sont nocifs pour l’environnement, notamment pour les amphibiens à la peau très perméable. Limitez leur usage au strict nécessaire et ne manipulez jamais un amphibien si vous avez du répulsif sur les mains ou les bras.
👥 Veiller les uns sur les autres
En sortie de groupe, restez toujours proches les un·e·s des autres. Une bonne communication est essentielle pour la sécurité de tous. Si vous partez seul·e, informez un·e proche de votre itinéraire et de votre heure de retour prévue. Il est très facile de se perdre en forêt, en particulier la nuit.
3. Partager sa passion et sensibiliser
🎓 Sensibiliser autour de soi
Parlez de vos découvertes, expliquez la fragilité des espèces et milieux observés. Chaque partage peut déclencher une prise de conscience, notamment dans le cas d’espèces souvent peu connues ou mal-aimées, comme le sont les reptiles et amphibiens.
 Signaler les atteintes à l’environnement
Restez attentif.ve.s au respect de l’environnement et soyez acteur de sa protection. Si vous constatez une atteinte à l’environnement, vous pouvez le signaler via la plateforme Sentinelles de la nature : https://www.sentinellesdelanature.fr.
Votre vigilance contribue à la protection du patrimoine naturel.
4. Contribuer à la connaissance et à la protection
📲 Partager ses observations de façon utile
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Si vous le souhaitez, utilisez des plateformes comme Faune Guyane ou iNaturalist pour documenter vos observations et aider les scientifiques. 
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Veillez cependant à ne pas géolocaliser précisément les espèces sensibles dans vos partages publics (risque de braconnage et/ou de dérangement). 
🌿 En résumé :
➡️ On observe, on ne dérange pas.
➡️ On respecte les habitats et la réglementation.
➡️ On partage avec soin et avec passion.
➡️ On s’engage pour la connaissance et la préservation.
 
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